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La Médiation Ethnoclinique
:

Intervention de 2ème intention, elle vise la co-construction de sens entre divers univers culturels. Elle s’appuie sur la méthode complémentariste de l’ethnopsychanalyse.
Ce dispositif groupal à trois pôles intègre l’équipe d’AHUEFA
(plusieurs psychologues cliniciens, et un interprète/ référent
culturel), la personne en souffrance avec ou sans sa famille, ses référents professionnels.

Ce dispositif permet d'explorer des pistes donnant accès à des éléments psychoculturels et surtout aux transmissions inconscientes.


CES SEANCES SE DEROULENT DANS LE STRICT RESPECT 
DU SECRET PROFESSIONNEL

Le concept de la médiation ethnoclinique mis en place par Ahuefa I.F. dès ses débuts a été rédigé en 1998 par la directrice et fondatrice de l'association Léocadie EKOUE ethnopsychologue, psychologue clinicienne et anthropologue puis revu en 2000 comme suit :

 
La médiation ethnoclinique : un concept élaboré par AHUEFA
 
 Définition
Par médiation ethnoclinique, l’Association AHUEFA International France, entend l’aide psychologique aux familles migrantes et/ou dans la précarité à domicile.
Cette intervention coordonne l’action d’un psychologue formé à la clinique transculturelle, avec un interprète appartenant à la même ère culturelle que la famille concernée et sensibilisé à la dimension psychologique de la problématique des migrants. 
La médiation ethnoclinique a trouvé sa raison d’être grâce à la demande de travailleurs médico psycho sociaux confrontés à des difficultés complexes dans leurs missions auprès de migrants qui, du fait de leur souffrance, restent confinés chez eux.
Cette pratique s’inscrit dans le cadre d’un travail en réseaux dans des infrastructures médicales sociales, éducatives et judiciaires.
Pour répondre au plus près de leurs besoins relatifs au champ de l’interculturel, l’association s’est dotée, dans une perspective de prévention, de modalités souples permettant :
-          d’une part, de créer un espace de communication entre la personne souffrante et l’institutionnel qui en porte la demande
-          d’autre part, de co-construire un univers de sens avec comme partenaires la (les) personne (s) en souffrance et le(s) travailleur(s) institutionnel(s).
 
Ces modes d’intervention s’articulent autour des choix suivants :
 1) La médiation ethnoclinique s’inspire de la consultation ethnopsychiatrique[1].
   - sur le plan de la méthode, elle a pour assise le principe méthodologique de l’ethnopsychanalyse puisant, de manière complémentariste, à deux sources théoriques : l’Anthropologie et la Psychanalyse
   - comme la consultation ethnopsychiatrique, c’est une intervention de deuxième intention construite à partir de la relation « duelle » initiale               (intervenant institutionnel/famille).   
     - le binôme, constitué par le psychologue clinicien formé à la clinique transculturelle et l’interprète, condense le dispositif d’ethnopsychanalyse sous une forme plus adaptée à ce cadre spécifique, et susceptible de faciliter l’approche multidimensionnelle et partenariale.
 2) La médiation ethnoclinique diffère de la consultation ethnopsychiatrique uniquement car le travail se fait au domicile des familles ou dans un lieu investi par elles (local du professionnel référent).
Elle se réfère à une pratique bien connue des médecins généralistes, travailleurs sociaux (sages-femmes de P.M.I notamment) et des médiateurs socioculturels.
Cette modalité d’intervention a prouvé sa pertinence dés les années 90 dans certains types de prises en charge : par exemple en Pédopsychiatrie avec la méthode d’observation directe du nourrisson à domicile, mise au point par la psychanalyste Esther BICK.
Elle emprunte à la médiation socioculturelle certains éléments techniques. Celle-ci se définit comme une situation à trois pôles qui requiert la différence, l’altérité, et la relation. 
Ternaire dans sa structure, on la décrit aussi comme un processus dont l’objectif est :
      - d’établir ou rétablir une communication
      - de permettre une compréhension réciproque qui touche trois domaines : linguistique, social et culturel (traduction des mots, des notions, mais aussi des codes, des valeurs des systèmes de pensées…)
      - de faire circuler entre les deux parties les éléments d’information et de compréhension, nécessaires à une réelle mise en relation.
C’est une pratique d’immersion et de proximité qui nécessite cependant une distanciation.
L’ensemble de ces caractéristiques implique une flexibilité du cadre indispensable à l’instauration de l’alliance de travail.
Les intervenants sont tenus à un devoir de confidentialité et à l’impartialité.
 
La médiation ethnoclinique
 
Cadre théorique
Le corpus conceptuel de référence dans la médiation ethnoclinique telle qu’elle s’exerce à AHUEFA  est d’inspiration ethnopsychanalytique. Le psychologue est garant de la rigueur méthodologique du cadre.
 
Composition du groupe
La médiation ethnoclinique est ternaire dans sa structure dans laquelle le binôme tel qu’il est décrit plus haut constitue l’un trois des pôles.
          - Le groupe
Face au binôme le groupe intègre en son sein :
      Le demandeur institutionnel de la médiation ethnoclinique qui prend place dans le dispositif ainsi constitué en qualité d’accompagnant. Cette modification de son statut dans cet espace le rend partenaire du processus initié.
     les membres de la famille qui le souhaitent.
         - Fonction du groupe
Le groupe assure une fonction d’étayage et de médiatisation des espaces, d’une part entre les techniques de prise en charge traditionnelles qui vont des thérapies aux réunions du type « assemblée du village » et d’autre part entre les psychothérapies classiques. La médiation a une fonction de passeur et ne se confond avec aucune d’elles.
Le cadre de la médiation ethnoclinique assure donc une fonction de réceptacle qui accueille le cadre interne du sujet souffrant et tend à la co-construction du sens.
Le rôle du psychologue est déterminant.
Il énonce les règles de fonctionnement de la médiation y compris dans son rapport au secret professionnel.
Il procède à la reformulation des propositions émises lors de la séance. La dimension psychodynamique inhérente à sa fonction permet l’émergence des potentialités des personnes concernées par ce type de prise en charge et une remobilisation de l’énergie psychique de chacun. Sa position doit être clairement identifiée par les membres présents dans chaque séance. C’est également à ce titre qu’il peut assurer la non-dangerosité du groupe.
 
L’interprète est celui qui, au-delà de la traduction stricte, a un rôle de passeur entre deux espaces linguistiques sur lequel, s’appuie le psychologue. Sa collaboration directe avec le psychologue ne réduit en rien son devoir d’impartialité entre les parties. Il aide à la compréhension du contenu des discours en explicitant à la demande du psychologue, les codes, valeurs propres à la langue. Il initie toujours par le biais du psychologue au système de pensée et aux représentations partagées entre les familles et lui-même.
Cette répartition des rôles clarifie les positions, participe à la cohérence de l’acte de médiation donc incite à penser.
L’accompagnant est généralement celui qui porte la demande de médiation. Il peut associer à l’action tout autre intervenant soucieux de prendre en compte les éléments dégagés en médiation. Ensemble, ils constituent un des trois pôles, en interaction avec les autres parties, qui rend possible l’action basée sur une alliance déjà établie ou en cours d’élaboration.
Dans ce cadre les intervenants en position d’accompagnant tendent à se décentrer de leurs propres représentations. Ces éprouvés contribuent à la réorganisation éventuelle de la relation à une meilleure structuration de l’empathie pour la poursuite de leur propre travail.
Le choix du lieu d’intervention est préférentiellement le domicile ou un lieu investi par la personne en souffrance et désigné spécialement par elle pour y travailler ensemble.
Cela implique une confiance préalable établie entre l’accompagnant et le sujet en souffrance, basée sur l’identification d’un certain nombre de difficultés repérées généralement dans les familles carencées :
- peur de l’envahissement (local de l’institution demandeur comme lieu tiers)
-incapacité à sortir d’un espace théâtre de dysfonctionnements.
Cette approche par le travail à domicile est perçue comme un témoignage d’une attention plus grande à l’ensemble de la problématique de la personne. L’expérience prouve que l’un des signes de souffrance chez les migrants est précisément une forme d’isolement qui tient la famille à distance des contacts avec l’environnement social proche.
 
Les étapes de la médiation ethnoclinique
 
Le temps de préparation ou pré médiation
 
 consiste en une série de rencontres dites de concertation dans un groupe restreint ou lors de réunions de synthèse en présence de l’ensemble des professionnels de l’institution impliqués dans le suivi. Ce temps peut, selon le cas, déboucher rapidement sur une intervention du binôme de AHUEFA auprès de la famille, mais il peut aussi être le prélude à une maturation et à la construction de l’alliance nécessaire entre le demandeur et la famille concernée. C’est une véritable période de gestation avant la mise en route du travail de médiation ;
L’intervention en elle-même, se déroule en principe sur une période généralement comprise entre trois et huit mois.
Chaque séance dure 2 heures, à raison d’une séance toutes les quatre à six semaines, laissant à l’accompagnant son espace professionnel propre dans son suivi spécifique.
 
Les reprises
 
Les échanges sont précieux pour la compréhension du matériel recueilli au cours des séances. Ils ont lieu sous différentes formes au cours de la prise en charge
 - après chaque rencontre à chaud et de manière informelle
 - à distance des séances dans les réunions pluridisciplinaires qui offrent au binôme l’opportunité de prendre la mesure des représentations à l’œuvre autour de l’enfant et sa famille par exemple. 
La participation à ces groupes de travail contribue à articuler les temps disjoints, à coordonner les actions dans une dimension transversale, en y associant les intervenants extérieurs à l’institution initiatrice de ce travail. Ces réunions sont les lieux par excellence où les échanges ont aussi un effet de sensibilisation à l’altérité du sujet souffrant.
 
Dans le travail de réseaux Roger Mises dit : 
 « les rencontres  se révèlent créatrices de liens et de pensées entre les Personnes adultes et participent à la revitalisation »[2]
 
L’ensemble de ces actions remobilise l’imaginaire à l’intérieur et autour de l’environnement familial. 
 
Les rencontres de AHUEFA
 
L’association organise pour ses membres   un groupe de travail au cours duquel une analyse de la pratique est proposée. Les actes de médiation ethnoclinique font là aussi l’objet d’une reprise en interne.
Le groupe de travail admet néanmoins les accompagnants institutionnels concernés par chaque situation. Elle aide au repérage des mouvements transférentiels et contre-transférentiels.
Le processus de médiation se développe dans un continium assez souple particulièrement riche en capacités créatrices, qui soutient les acteurs sur le terrain, dans le respect de la spécificité de chacun.
 
AHUEFA, de par la flexibilité du cadre d’intervention, trouve sa place dans un travail en réseaux avec les institutions et les associations existantes oeuvrant dans le champ du social.
Ses modalités de prise en charge s’intègrent à toutes les demandes dès lors qu’elles se situent en deuxième intention et pour une durée déterminée.
Son objectif est d’aider chaque acteur de terrain en mission auprès des familles en difficulté à faire face à la complexité de certaines situations en prenant en compte la dimension culturelle.
Concernant la famille en souffrance, l’aide psychologique qui en découle s’entend à trois niveaux :les dimensions individuelle (psychique), sociale (familiale), culturelle (représentations culturelles, l’histoire transgénérationnelle).
 
Concrètement AHUEFA s’adresse de fait aux professionnels en difficulté dans leurs missions, dans le cadre d’une aide à l’évaluation, à la prise de décision.
 
La médiation ethnoclinique reste l’outil majeur par lequel AHUEFA apporte l’aide psychologique aux familles migrantes et/ou dans la précarité.
Celle-ci peut prendre aussi la forme d‘une action dans la cité. Le groupe des NAVIES rassemble pour sa réalisation les différentes compétences qui sont représentées dans l’Association et qui concourent à créer un espace de communication essentiel pour l’approche transculturelle développée par la médiation ethnoclinique à AHUEFA INTERNATIONAL France.


[1] M.R.MORO « Psychothérapie des enfants de migrants » pag. 97-125
[2] Roger Misès «  Le travail en réseaux » in l’enfant, ses parents et le psychanalyste sous la direction de Claudine Geissmann et Didier Houzel. Pag 987.
 
 



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